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A propos de Berceuse, par Simone Dompeyre, directrice artistique des Rencontres Traverse Vidéo

 

En accord avec la promesse du titre, la vidéo se fait musicale, organisant des phrasés rythmés plus que racontant une séquence de mère à l’enfant, ou que décrivant un enfant à endormir. Sa partition emporte, cependant, dans un autre rythme que la comptine ; sons des profondeurs, écho sur écho vidéo s’accordent davantage aux miroitements marins alternés à des éclats de lumière sur fond noir, et aux retours des vagues sur elles-mêmes. Ils suivent la découverte des rochers du bord de mer avec ses nageurs ou flâneurs, l’entrée dans l’eau d’une femme enceinte, la nage et plus tard, un vacancier ramant dans une Marine avec Marseille au loin sous le soleil couchant. Un glissando se fait, du paysage vidéo à la touche picturale, le plan s’embrase, se rosit et le doré de la lumière devient orangé, devient mer de Monet, en transformant ses teintes et d’abord bleu avec trait de lumière comme ce Impression soleil levant qui a donné le nom – d’abord en dérision puis en reconnaissance - à l’impressionnisme amoureux des changements opérés par la lumière et les guettant. Berceuse entre dans ce plaisir afin d’accueillir l’enfant bercé, cajolé par sa mère, et ce, sans tomber dans le tableau de genre, puisqu’ils sont entr’aperçus, en légère surimpression de couleur, dans un triangle formé des rochers entre lesquels la mer poursuit son inlassable mouvement. En rapprochant le mythe de la mer/mère, qu’elle enlace au souvenir du bercement par le liquide amniotique, la vidéo protège l’intime et dit l’affectif.

Simone Dompeyre

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